mardi 19 janvier 2016

Prendre Gloria de Marie Neuser


Descriptif éditeur :

« Vous regardez entrer une amie dans une église un dimanche à 11 h 30. »

Dans la commune italienne de P., on sauve les apparences. Et surtout le dimanche. Le 12 septembre 1993 a dérogé à la règle.
Ce jour-là, Gloria Prats quitte son amie Elena pour honorer un rendez-vous. Elle franchit le perron de l'église de la Miséricorde. Un rendez-vous furtif, pas plus de quelques minutes.
Le 12 septembre 1993, les minutes deviennent des heures. Gloria ne ressort pas.
Une fugue, à coup sûr. Ou un coup de ce petit Albanais trop discret pour être honnête. Tout, mais pas le principal suspect, protagoniste numéro 2 du rendez-vous : Damiano Solivo.

Comment on construit un monstre, comment le pouvoir oblitère la vérité dans une ville de province pétrie de règles ancestrales. Prendre Gloria est un roman noir et une puissante critique sociale, genèse du diptyque tiré d'un fait divers qui tourmenta l'Italie et l'Angleterre de 1993 à 2011.

À propos de Prendre Lily :
« C'est un thriller lent, entêtant, la traque désespérante d'un homme-savonnette qui toujours échappe. Le roman ne perd jamais son souffle. »
Télérama
« Une traque fascinante pour coincer un psychopathe. »
Paris Match

La fiche du livre sur Babelio, sur le site de l'éditeur


Le diptyque Prendre femme :

Ce livre est le deuxième tome du diptyque Prendre femme, constituer de Prendre Lily et Prendre Gloria. Les deux tomes peuvent se lire de manière indépendante. Le premier se concentre sur la traque d'un tueur en série italien en Angleterre. Je ne l'ai pas encore lu, mais il a apparemment une structure policier/thriller relativement classique avec un héros flic qui surveille et cherche à arreter le principal suspect dans au moins un meurtre mais sans que l'on puisse trouver de preuve décisive.
Le deuxième tome se concentre sur le premier meurtre de ce même tueur, mais surtout sur tout ce qui évolue autour : l'enquête embourbée, les cachotteries de tout à chacun, le système judiciaire italien ou d'autres autorités soumis à la mafia, et les diverses raisons qui font que malgré que le corps soit resté quasiment à portée de main 17 ans durant personne ne l'ai trouvé et que le coupable n'ait pas été inquiété. Plus vraiment du policier donc, et clairement pas un thriller.

Les romans s'inspirent (et même un peu plus) du fait divers du Haircut Killer

Ma critique :

Moi, j'aime bien tout ce qui est autour du policier sans en être, donc forcément je me suis sentie interpellée par ce tome. Au cours de chapitres cours, différents points de vue, souvenirs ou explications se succèdent. On y apprend plein de petits détails différents, les personnages ont des motivations très variés et les secrets et mensonges se multiplient pour plein de raisons différentes, certaines d'importance énormes et criminelles, d'autres mesquines, et tout une palette entre les deux, y compris de pieux petits mensonges ou de la terreur face à la menace.

Les époques s'etremèle, les deux principales étant 2010 où le corps de Gloria est retrouvé, et 1993 où elle a été tuée, mais plusieurs chapitres portent sur d'autres periode. Très vite on sait donc à peu près comment ça a commencé et comment ça finit. Mais il va falloir creuser pour comprendre tout ça plus précisément et surtout comprendre pourquoi ça s'est passé, et surtout pourquoi est-ce que la découverte du corps ou de l'assassin ne s'est pas faite avant.

Il y a de nombreux éléments, attendus ou pas, et des rebondissements momentanés. Le rythme est globalement très bon et on reste sans arrêt sur sa fin d'un chapitre à l'autre, mais sans que l'action ne sois entrecoupée de chapitres inutiles là pour mettre du suspens inutilement. On regrette de quitter un personnage sans en savoir plus, mais on est content du nouvel élément apporté par le nouveau personnage en scène.

J'ai un peu regret que les errances soient toutes vues avec beaucoup de recul, dans le roman, absolument tout le monde est persuadé en tout temps de l'identité du coupable, ou presque. C'est ce qui fait la force du roman avec sa spirale de noirceur mais aussi sa faiblesse : c'est un peu lourd sur l'accusation du meurtrier de tous les vices du monde.

L'écriture est fluide, avec des changements de tons entre chapitres mais sans être très colorée.

C'est très fortement basé sur un fait divers et personnellement ça m'a mise un peu mal à l'aise : on ne sait pas trop où est le vrai du faux, et on s'amuse (parce que oui c'est un roman loisir, qu'on lit avec plaisir, où l'on veut savoir et diséquer les motivations des personnages) autour de personnes réelles sur un fait encore bouillant. Les noms ont été changés mais restent proches de la réalité, aucun doute n'est possible. Le plaisir qu'on éprouve à lire a quelque chose de voyeur - comme dans tout policier, je pense - ce que j'ai du mal à accepter pleinement lorsque ça concerne des personnes vivantes ou encore bien présentes à l'esprit de leur proches (et qui n'ont pas choisies d'avoir une vie publique), qu'elles soient blanches comem neige ou profondément viciées. Un détail que j'ai trouvé agaçant : les villes concernées ne sont pas nomées, et simplement désognées par P. ou B. ce qui je trouve est assez désagréable à lire.

Un bon roman donc, que j'aurais sans doute approuvé sans reserve sans ce petit malaise dû au réalisme de la chose.

Ma note : 3/5

La rencontre avec l'auteur : 

J'ai reçu ce livre dans le cadre d'une opération organisé par Babelio (oui encore) et Fleuve noir : Merci à eux ! J'ai pu participer à la rencontre avec l'auteur dans les locaux de Babelio, et encore une fois c'était bien intéressant et fort sympathique (j'ai encore tenu la jambe des heures durant à l'équipe Babelio, ils vont finir par me mettre dehors un jour).

L'auteur est très dynamique et pleine de passion: la rencontre a été animée ! Surtout que le public était également très curieux avec beaucoup de questions et de commentaire. Et comme d'habitude Bibalice a bien mené la rencontre.

L'échange a beaucoup tourné autour de l'affaire Claps (la famille de la fille disparue IRL) et du rapport de l'auteur à l'enquête. Marie Neuser a découvert l'affaire après la découverte du corps. Prise de curiosité, elle va chercher un peu plus d'infos sur l'affaire et tombe alors sur un terrible imbriglio incompréhensble de faits plus ou moins contradictoires, tout en étant particulièrement touchée par la famille de la victime. Elle va alors tenter de déméler tout ça en amateur, et se retrouve comme aspirer par l'affaire.

En racontant cette histoire invraisemblable à un ami elle se voit répondre avec humour : "tu as trouvé le sujet de ton prochain roman !", ce à crois elle ne croit pas une seconde. Et pourtant, dans la nuit d'après le déclic se fait et alors le roman parait être une évidence.

Elle passe trois ans sur le roman et globalement sur l'affaire. De très nombreux éléments d'enquête sont mis à disposition du public (par exemple les procès filmer, ou de nombreuses séquences de l'émission Chi l'ha visto qui proposent également de consulter des pièces du dossier). Elle tente de donner un sens à tout cela, et fait des petites fiche sur chaque élément et leur chronologie avant de tenter de les mettre en rapport.

Et petit à petit un roman se construit autour de cette analyse. Il y a alors deux grandes parties : la partie enquête et traque anglaise, dont les informations viennent principalement de la presse britanique ou italienne, et la partie fouilli italien avec ses grosses interrogations : comment n'a-t-il pas été arrêté avant ? Comment est-il possible que le corps n'est pas été retrouvé avant ? Qui a fait obstruction et comment ? Pourquoi ces décision de la procureur ? Il devient alors clair qu'il s'agit de deux livres très différents.

Pour Prendre Gloria, elle imagine les motivations des personnages qui ne parlent pas ou dont les mensonges sont maintenant évidents. Elle tente de donner une logique à ce qui semble ne pas en avoir et rempli les trous. Ce faisant, elle reste néanmoins toujours dans le cohérent. Il s'agit d'une explication possible, et elel reconnaît être assez fière d'elle parceque "ça colle". Elle dit même avec humour : "L'affaire Claps, c'est moi qui ait tout compris !".

Un gros point positif : comme la rencontre se fait avec des gens qui ont normalement tous lu le livre, on a pu parlé ouvertement de tel ou tel éléments, de est-ce que telle explication a été montée de toute pièce ou pas, etc. Bref, je reste convaincue que c'est un super format de rencontre.

La démarche m'a énormément fait penser au jeu Crimebox Investigation, dont je me suis du coup dépéchée de mettre une critique sur mon blog.

Anecdote : le hasard a fait qu'elle a travaillé avec un italien venant précisément de P., lieu de la disparition d'Elisa Claps.

Pour l'édition de ce livre, l'auteur a eut recourt à un agent littéraire. Intérrogé à ce sujet, elle explique que c'est l'agent qui l'a contacté parce qu'elle n'avait pas publié de livre après quelques succès, pour lui demandé si elle avait quelque chose en stock ou en cours. Elle réalise alors qu'elle n'a pas le temps et l'envie de se préoccuper du côté recherche/relation éditeur, et lui confie Gloria. L'entente se fait apparemment sans soucis. Elle semble très satisfaite de ce système, et de son agent en particulier.

Parmis les autres thème abordé, on a discuté des différence culturelle entre l'Italie du Sud(des années 90) et la France, principalement autour de l'omniprésence de la religion (les curés s'occupent de tous le parascolaire, des groupes de musiques punk jouent sous des crucifix, la vie publique est globalement liée à l'Eglise, on né dedans quel que soit nos convictions), sur le système judiciaire (tous les éléments à la portée du grands publics, les journalistes qui s'emparent complètement des faits, les proces filmés) et les mafias (tous les petits arrangements entre notables et menaces diverses, les petites mafia de ceux qui ont quelque notoriété).

J'espère ne pas trop avoir déformée les propos de l'auteur, mais j'aurais du mal à le garantir.

Après la rencontre a eut lieu la séance de dédicaces/petits fours. Marie Neuser a pris le temps de discuter avec tous les lecteurs. Comme d'habitude l'accueil de l'équipe Babelio était super et les lecteurs présents très sympathiques, ont a d'ailleurs pas mal échangé. De belles rencontres après une belle rencontre ! Et en fait de soirées l'auteur rejoins les rares survivants et l'équipe Babelio pour une discussion détendue mais fort intéressante (par exemple, j'y ai appris qu'après avoir lu une critique utilisant ces termes elle regretter de ne pas avoir penser au titre "Rendre Gloria" pour ce tome, et qu'elle craignait de decevoir les lecteurs de Prendre Lily car Prendre Gloria est d'un genre assez différent et peut-être moins populaire. Si ça ne semble pas être le cas pour les très grands lecteurs (les avis babelio sont positifs), c'est peut-être le cas pour un public plus large).



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