vendredi 11 mars 2016

Dans les eaux profondes... de Sara Lövestam



Résumé éditeur : 
Malte, cinq ans, le sait bien, on le lui rappelle assez chez lui : les services sociaux viendront le chercher s'il évoque devant les maîtresses de la crèche l'apathie de sa mère, son haleine douceâtre, les bouteilles qui s'accumulent sous l'évier ; s'il dit un mot des insultes proférées par Ove, le compagnon de maman ; s'il évoque la violence quotidienne dont il est tour à tour témoin et victime. Lorsqu'il fait la connaissance de cet homme blond qui lui parle à travers la grille de la crèche, il voit en lui un ami. D'ailleurs Roger, gentiment, lui propose son aide pour garder un secret. Enfin quelqu'un qui lui accorde ce semblant d'attention que sa mère et le compagnon de celle-ci, sous l'effet de la colère ou de l'alcool, lui refusent. Puis Roger rencontre sa mère, se fait insistant, lui offre de garder Malte... Ce spectacle, le Témoin, depuis sa fenêtre donnant sur la crèche, l'observe d'un mauvais oeil. Quelque chose cloche derrière l'amabilité de cet homme, ses gestes trop appuyés. Poussé par des souvenirs douloureux, le Témoin décide de passer à l'action... Au fil de ce récit d'une grande audace, mêlant avec brio les perspectives, Sara Lövestam propose un voyage dans les pensées de Malte. Epousant son regard, restituant son interprétation personnelle de tout ce à quoi il est confronté, elle parvient à approcher de manière aussi saisissante qu'inédite un thème éminemment complexe, frôlant l'indicible. Une oeuvre subtile et magistrale qui confirme le talent de la jeune romancière suédoise.

Fiche du livre sur Babelio


Ma critique :

J'ai eu un vrai coup de coeur pour cet étrange polar !

C'est une histoire de pédophilie, ou plutôt de pédophile, sur un ton très réaliste.
On observe la situation se mettre en place en ayant rapidement de grands soupçons et des frissons, mais tout en étant pétris de doutes quand aux intentions de nombreux personnages assez louches.

Le jeune héros se retrouve balancé entre plusieurs personnes plus ou moin malfaisantes et plus ou moins bien intentionnée. On le voit évoluer dans la cours de récre, et j'y ai touvé l'enfance très bien décrite avec ses maladresse, ses codes très différents de ceux des adultes, ses amitié vaches et ses grands secrets de pacotilles mais sans oublier les pressions adultes, l'incompréhension du fonctionnement de certaines parties du monde des adultes et les tentatives d'agir comme on l'attend de nous. Un ton nettement plus réliste que dans beaucoup de fiction où l'enfance est vu par le seul spectre de la nostalgie attendrie.

Il en va de même pour le portrait dressé ici de la pédophilie : on est pas dans la caricature du grand monstre cruel. le pédophile y est une personne nettement plus réaliste, qui se nourrit d'illusions pour rendre acceptable sa perversion. C'est très bien fait et finalement même plus terrible. J'ai apprécié que certains de ces aspects nous soient dévoilés avant que l'on sache précisément de quel personnage apparemment inoffensif il provient, et j'ai vraiment douté, me demandant dans quel panneau ou préjugé j'allais tomber.

Le point de vue se fixe alternativement sur plusieurs personnages, créant pas mal de suspens. On s'attache vraiment à plusieurs d'entre eux malgré leur défauts et la situation dramatique (ou moins) dans laquelle ils se trouvent parfois nous déchire le coeur.

Les personnages mis en scènes sont presque tous franchement marginaux mais les travers de la caricature sont éviter. J'ai cru à chacun d'entre eux. le seul côté moins réaliste est de rassembler autant d'éléments intérressant en une même unité de temps et de lieux. le style par contre et clairement celui d'un roman à suspens, on veut constamment savoir ce qu'il va se passer, qui est telle personne, ce qu'il s'est passé à un moment qui ne nous a pas encore été montré...

Pour le côté choquant, rien de sexuel n'apparait explicitement mais on a des extrait potentiellement assez dérangeant d'échanges pédophile, sur la fascination pour le corps d'enfants. J'ai aimé que les côté horrible ne soient pas tout à fait décrits, que l'on les devine un peu comme des ombres effrayantes, sans les sursauts de surprise.

C'est bien écrit, ça se lit facilement avec un rythme bien maitrisé. Si les phrases et le vocabulaire sont simple, le style est loin d'être plat et uniforme, comme c'est parfois le cas dans certains polars qui se contentent de raconter ce qu'il se passe. Il n'y a que le côté comptine en ritournelle sensée donné un fil rouge qui m'a semblé faire un flop, mais ce n'est pas bien grave. (à mon avis, le fait que ce soit traduits et que donc la chanson ait dû être adaptée vers quelque chose de nettement moins connu - en tout cas pour moi - n'aide pas).

En bref, un coup de coeur !

Critique publiée sur babelio


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