lundi 10 octobre 2016

La montagne rouge d'Olivier Truc


Descriptif éditeur :

Une pluie continue épuise les hommes et les bêtes.
Alors que les éleveurs du clan Balva procèdent à l’abattage annuel des rennes, des ossements humains sont retrouvés dans l’enclos, au pied de la Montagne rouge.
Or, le clan est opposé à un groupement de forestiers et de fermiers dans un procès exceptionnel à la Cour suprême de Stockholm. L’enjeu – le droit à la terre – est déterminant pour tous les éleveurs de rennes du pays : qui était là le premier ?

La patrouille P9 de la police des rennes est chargée de l’affaire, mais l’identification du squelette, en l’absence de crâne, est difficile. Klemet et Nina commencent une enquête auprès des musées et des institutions, et découvrent un XIXe siècle collectionneur de types humains et un XXe siècle porté sur les idéologies purificatrices, perdus dans les tréfonds nauséabonds de l’histoire suédoise. Ils se heurtent à l’inertie, à la défiance voire à l’hostilité de l’administration. Ils découvrent aussi une mystérieuse vague de disparition d’ossements et de vestiges sami, autant de preuves potentielles de la présence originelle des Sami.

Klemet, plus que jamais empêtré dans sa double identité lapone, et Nina, qui le supporte de moins en moins, croisent des personnages souvent ambigus. Des archéologues aux agendas obscurs qui s’affrontent. Petrus, le chef sami, écartelé entre son devoir, son fils et la poursuite des rêves de son père dans les paysages grandioses et désolés des forêts primaires du fin fond de la Laponie. Bertil l’antiquaire au passé politique douteux, et Justina l’octogénaire aux étranges talents de conductrice d’engins et son groupe d’adeptes de la marche nordique et du bilbingo. Sans oublier une masseuse thaïlandaise…

Ce troisième tome des aventures de la police des rennes est passionnant et troublant, ses héros sont complexes et attachants, le talent de conteur d’histoires d’Olivier Truc se déploie entre suspense, émotion et humour, et prouve une fois de plus que les 22 jurys de lecteurs qui lui ont à ce jour décerné leurs prix ne se sont pas trompés.



Mon contexte :

Je découvre Olivier Truc avec ce roman, grâce à une opération avec rencontre de l'auteur organisée par Babelio et les éditions Métailié, merci à eux ! Et en prime on a même eu un beau marque-page aux couleurs de l'éditeur.


Ma critique :

Il s'agit d'un roman qui se passe en Laponie (ou Sampi), en Suède, autour des tensions entre éleveurs de rennes et paysans, issus de deux ethnies différentes. L'auteur adopte un point de vue policier, avec des enquêteurs de la police des rennes et des mystères, mais l'ambiance ne tient clairement pas que du polar.


L'anthropologie (et l'anthropomorphisme) et ses méthodes - actuelles et passées est le thème au centre de ce roman. Beaucoup de questions éthiques sont soulevées. C'est un thème complexe et rarement abordé et traité ici avec finesse, il me semble. J'ai découvert plein de choses, et le livre permet de se créer une opinion - à étayer par d'autres sources ! - sur le sujet.


Les enjeux sont assez globaux, une question de droits aux terres d'une ethnie en fonction de leur ancienneté dans la région, donc pas forcément aussi haletant que dans des thrillers plus classiques. Si le rythme n'est pas toujours effréné, une alternance des points de vue et des éléments personnels - contenant également leur part de mystère - permettent de ne pas s'ennuyer. Les personnages sont variés et pour certains très originaux (je pense notamment au "couple" de vieux) par rapport à ce que je peux lire d'habitude.


On est pas perdu en lisant ce tome sans avoir lu les précédents, même si on sent des références à des éléments passé, et que l'on ne comprends pas forcément tout l'impact dramatique des scènes relevant de la vie personnelle des deux personnages principaux.


L'écriture est fluide et agréable, le paysage, présent sans plus au début, se fait plus important en fin de roman. Contrairement à ce que l'on pourrait croire après les premières pages, c'est très peu gore. On relate par contre des réalité difficiles, plus quotidiennes que des crimes sanglants.


J'ai globalement aimé La montagne rouge, et j'ai maintenant terriblement envie de découvrir les premiers tomes de la série ! Son thème original est sa grande force, sa petite faiblesse serait peut-être un léger manque de suspens en milieu de roman, pour du polar.


Ma note : 4/5

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire